Femmes au Tadjikistan : philosophie de notre action Les femmes au Tadjikistan
Contexte et rôle des femmes
Au Tadjikistan, on constate aujourd’hui que les femmes sont socialement cantonnées à la sphère domestique : elles s’occupent du foyer (préparation des repas, ménage, lessive, soin aux autres) et des enfants. Les hommes sont éduqués à être responsables de l’apport financier pour subvenir aux besoins de la maisonnée (travail rémunéré).
Lors de son mariage, la jeune mariée tadjike va vivre dans la famille de son mari et devient de fait l’intendante et « l’employée » de la maison. Il a été remarqué que la vie professionnelle d’une femme prend son envol une fois que ses fils sont mariés et que les belle-filles peuvent prendre le relais à la maison : c’est le moment où la femme-mère au foyer commence sa carrière et part travailler hors de la sphère domestique.
Ces dynamiques sont en train d’évoluer et amènent les femmes sur le marché du travail. Différents facteurs, souvent concomitants, existent. Les hommes migrent souvent pour travailler et sont absents du foyer, et le taux de divorce est en augmentation (les mariages peuvent être arrangés et il arrive que les mariés ne se connaissent pas avant le jour du mariage). Enfin, les représentations de la vie moderne véhiculées par la télévision et internet montrant des femmes dans une vie professionnelle active, changent la donne. Les situations peuvent varier grandement selon la géographie (régionale, ville/campagne…), la situation familiale et économique… Dans les centres urbains, au Pamir, les jeunes femmes suivent des études supérieures, apprennent des langues étrangères, font le choix de leur domaine de spécialisation et lancent leurs propres entreprises.
Des études récentes montrent que les femmes aspirent de plus en plus à un travail rémunéré qui leur permettrait d’acquérir une indépendance financière ainsi que d’être « actives ». Elles ont envie d’apprendre, de « ne pas rester assises à la maison à ne rien faire » selon leurs propres mots.
L'action de Women Rockin' Pamirs
La rencontre de jeunes femmes pamiries nous a fait prendre mutuellement conscience (à nous comme à elles) de leur potentiel inexploité ainsi que de leur volonté d’apprendre et de se développer professionnellement. Elles en redemandent !
L’association, par ses actions, souhaite répondre à cette demande et ouvrir les possibles à des femmes ; permettant à ces talents de s’épanouir et de se découvrir des capacités dans des domaines qui leur paraissaient inatteignables.
La spécificité de la marche en montagne, dans un relief accidenté, avec de fortes contraintes liées à l’éloignement ou l’altitude, et surtout, de porter la responsabilité d’un groupe, amènent les stagiaires à mûrir leurs compétences en termes de prise de décision. Des compétences qui sont d’habitude laissées en jachère chez la femme peuvent s’épanouir : la conscience de ses propres capacités et de son pouvoir d’agir, la confiance en soi et l’assurance, la prise de décision basée sur son propre raisonnement, l’expérience et la réflexion.
Les formations au métier d’accompagnatrice en montagne préparent ainsi les femmes au leadership : gestion de groupe, prise de décision, prise de responsabilité. Elles restent bien sûr libres de leurs choix professionnels et d’investir ces compétences dans d’autres domaines qui leur tiennent à cœur, si elles le souhaitent.
Notre position
L’association souhaite encourager des femmes à aller au bout de leur potentiel. Women Rockin’ Pamirs aspire à ouvrir de nouveaux espaces pour autoriser le développement personnel d’un public féminin qui, jusqu’à maintenant, n’en avait pas l’occasion.
Les hommes tadjiks ont déjà accès au métier d’accompagnateur en montagne, bien qu’ils ne bénéficient pas de formation professionnelle dans ce domaine. De part leur position sociale et leurs avantages traditionnels, ils ont accès à la vie professionnelle plus facilement que les femmes.
L’association travaille en lien étroit avec des partenaires locaux, grâce à l’implantation de longue date dans la région de plusieurs de ses membres. WRIP s’assure de proposer des formations qui s’inscrivent dans le respect des pratiques locales, et avec le soutien des habitants et habitantes.
L’objectif à long terme est de contribuer, en alliant respect des coutumes, traditions locales et accompagnement de la nouvelle génération, à une meilleure reconnaissance et une présence accrue des femmes tadjikes dans le secteur touristique et d’activités en plein air et, au-delà, dans le monde du travail en général.