Contexte géographique et politique
Généralités
Ancienne république soviétique d’Asie Centrale située au carrefour des civilisations persane, arabe et turco-mongole, le Tadjikistan offre une diversité culturelle fascinante. La population du Tadjikistan est composée à grande majorité de Tadjiks, mais également d’Ouzbeks (qui résident surtout dans les plaines et en milieu urbain) et de Kirghizes (dans les milieux montagneux). La population, de confession musulmane sunnite pour la majorité (85%), parle principalement le tadjik, une langue iranienne voisine du farsi (parlé en Iran) et du dari (en Afghanistan), mais également l’ouzbek, le kirghiz, le yaghnobi, ou encore les langues pamiries pour les populations éponymes. De nombreuses personnes parlent aussi le russe, à la fois la langue vernaculaire sous l’URSS et la langue de « travail » que sont amenés à pratiquer la plupart des migrants qui partent aujourd’hui travailler de façon plus ou moins temporaire en Russie. L’anglais se développe progressivement. Sous l’URSS, 95% de la population était alphabétisée. Malgré la désorganisation du système éducatif qui fit suite à l’indépendance (1991) et à la guerre civile des années 1990 (1992–1997), les taux de scolarisation ont de nouveau atteints des seuils importants.
Festivités
La population célèbre les principales fêtes musulmanes (le Ramadan, l’Aïd al-Kabir appelée localement « Kurban Bayram »), auxquelles s’ajoutent les fêtes nationales (fête du drapeau, fête de l’indépendance le 11 septembre), les fêtes issues de l’héritage zoroastrien (la fête de Navruz – la nouvelle année persane, les 21 et 22 mars – célébrée dans toute l’Asie Centrale), ainsi que les fêtes issues de l’héritage soviétique (fête des hommes et du soldat le 23 février, journée de la femme le 8 mars, victoire sur l’Allemagne nazie le 9 mai)
Sources de revenus et organisation familiale
Petit pays très rural (75% de la population vit à la campagne), le Tadjikistan ne subit pas d’exode rural massif, à l’instar de ses voisins. Les ménages vivent en semi-autarcie, cultivant dans le jardin attenant aux maisons les légumes de saison et les fruits frais, mis en bocaux ou séchés pour l’hiver, et se nourrissant du lait et de la viande des quelques têtes de bétail (vache, mouton, chèvre) qu’ils possèdent. Chaque ménage fait son pain de manière hebdomadaire, dans le four en terre crue (aujourd’hui parfois en bitume) appelé « tandour ».
Pour les trois quarts des foyers tadjiks, l’argent nécessaire pour vivre provient le plus souvent des hommes qui travaillent à l’étranger, en particulier en Russie. La migration est ainsi le poumon financier du Tadjikistan ; les revenus des migrants représentant près de 50% du PIB du pays, où un salaire moyen à 150 USD par mois ne permet pas de couvrir les frais de la vie quotidienne ni d’investir pour le futur.
Géographie
Le pays se divise en quatre régions principales : la région Sughd, au nord de Douchanbé, qui combine le massif montagneux des Fans et du Yaghnob, ainsi que la plaine de Khujand, qui rejoint la vallée du Ferghana ; au nord-est, la région de Rasht, traversée par le Surhob, un large fleuve encaissé et entouré par de hauts pics ; au sud de Douchanbé, la région du Khatlon, la plaine cotonnière mise en agriculture intensive à l’époque soviétique, où les températures sont les plus élevées du pays l’été. Au sud-ouest, la région GBAO (Gorno-Badakshan Autonomous Region), aussi appelée le Pamir, ou « toit du monde », est un territoire reculé dont l’accès a été facilité ces dernières années grâce aux travaux de l’autoroute M41 qui relie le Tadjikistan à la Chine.
Le Pamir est lui-même loin d’avoir une unité géographique : le Pamir de l’ouest est composé de vallées alpines, habitées par des populations qui ont développé chacune leur langue (les plus courantes étant le shughni, le bartangi et le wakhi – du nom des vallées dans lesquelles elles se pratiquent). En allant vers l’est, les vallées gagnent en hauteur et se rejoignent pour former un haut plateau à une altitude moyenne de 4000 mètres où l’on trouve de nombreux lacs, héritage d’une mer préhistorique. Là, résident également des populations kirghizes aux pratiques anciennement nomades mais toujours agropastorales, qui cohabitent aujourd’hui avec les Pamiris.
Les villes principales du pays, Douchanbé, Khoujand, Kulob et Khorog regroupent les principales universités et sont des lieux importants de commerce. Si Douchanbé a été désigné comme capitale par les Soviétiques à partir d’un village où se déroulait le marché du lundi ( « douchanbe » en tadjik), Khoujand fut une escale majeure de la route de la soie et présente à ce titre les richesses culturelles associées. Les capitales historiques de la culture persane d’élite dans la région, Samarcande et Boukhara, sont situées de l’autre côté de la frontière ouzbèke, héritage du découpage soviétique des années 1920.
Ressources
La chute de l’URSS a changé la donne pour le Tadjikistan, qui dépendait jusqu’en 1991 largement des ressources et subsides envoyés par Moscou. L’éclatement du bloc soviétique a rebattu les cartes de la distribution des ressources énergétiques en particulier.
Les ressources principales exploitées à l’échelle du Tadjikistan sont l’eau et l’aluminium. Le pays, dont l’énergie provient à 50% de l’hydroélectricité (le barrage de Nurek situé à l’est de la capitale), reconstruit progressivement son indépendance énergétique mais de nombreux villages restent sans électricité en hiver et les coupures sont courantes en milieu urbain. L’une des grandes questions actuelles est la construction du barrage de Rogun, qui serait parmi les plus hauts du monde, projet soviétique interrompu dans les années 1970 puis réinvesti grâce à des capitaux étrangers (russes notamment). Situé sur la rivière Vakhsh, qui devient l’Amour Daria en Ouzbékistan, il est l’objet de nombreux litiges à l’échelle régionale, à la suite desquels l’Ouzbékistan a coupé son exportation en gaz et charbon vers le Tadjikistan, privant ainsi villes et campagnes de moyens de chauffage l’hiver. Pour faire face à la pénurie énergétique, les habitants des campagnes ont eu recours au bois, débouchant sur une déforestation de masse qui a aggravé l’instabilité de massifs montagneux jeunes et soumis à une forte érosion.
L’aluminium est exploité aujourd’hui dans l’une des plus grosses usines d’Asie centrale située à l’ouest de la capitale, et il est exporté dans toute la région.
Histoire
Les projets de modernisation soviétique ont fortement marqué le paysage du Tadjikistan à partir des années 1950, au travers des infrastructures, du bâti, des moyens de transport, mais également de la collectivisation agricole qui a déplacé des dizaines de milliers de Tadjiks des montagnes vers les plaines cotonnières (Ferghana et Kulob), peuplées jusqu’alors principalement d’Ouzbeks. La capitale Douchanbé a été construite à partir d’un hameau et son histoire est marquée par les ambitions soviétiques. Mais Douchanbé, ville vitrine, fait l’objet d’une politique de « restauration » (de démolition et reconstruction) par laquelle le régime actuel efface minutieusement toutes les traces de l’histoire soviétique au profit de hauts immeubles qui semblent s’inspirer de l’architecture des pays du Golfe.
Evolution de la place des femmes dans la société tadjike
Dans le contexte sédentaire et agropastoral du Tadjikistan, la division des rôles entre les hommes et les femmes est traditionnellement réalisée selon, d’un côté, les tâches en extérieur accomplies par les hommes et, de l’autre, les tâches réalisées dans l’espace domestique par les femmes (une division autrefois particulièrement marquée en ville). Si les Soviétiques avaient lancé une campagne de « libération des femmes », ce sont en réalité les conditions économiques actuelles, difficiles, qui accélèrent les transformations de l’accès des femmes à l’espace public, au travail salarié, au rôle de chef de famille, etc. Dans ce contexte, de nombreux projets de développement incorporent aujourd’hui un volet « genre » dans leur programme d’aide, qui tendent à diriger les femmes vers des métiers considérés comme propres aux femmes : couturière, aide médicale, infirmière, coiffeuse, maraîchère.
C’est face à ce constat de formations à destination des femmes souvent restreintes à des domaines dits « féminins » que Women Rockin’ Pamirs inscrit ses actions : l’objectif est de proposer aux femmes pamiries qui le souhaitent de se former aux métiers de montagnes, qui impliquent un apprentissage de pratiques nouvelles et des responsabilités de groupe (y compris de groupes mixtes), profitant de l’intérêt grandissant des touristes pour la région.
Women Rockin’ Pamirs travaille avec les populations locales pour contribuer à la mise en valeur du Tadjikistan, pays à l’histoire riche et qui recèle de nombreux sommets inexplorés et des cœurs d’une nature sauvage préservée.